L’opéra “Huit Minutes”


Huit Minutes (nous y étions presque)

Chaque nuit cela recommence. Patricia appelle sa soeur Irène et lui pose les mêmes questions, encore et encore, jusqu’à ce que toutes les deux s’endorment : « Quand avons-nous commencé à être seuls ? Serons-nous un jour libérés de l’angoisse ? Sommes-nous contre le renouveau ? Avons-nous cessé de croire à la possibilité d’un autre monde ? » Chaque nuit Irène l’écoute. Elle aimerait répondre mais chaque nuit elle ne sait pas quoi dire.

Pour empêcher la disparition du soleil, il faudra faire cérémonie et imaginer d’autres rituels. Il faudra mélanger le chant, la danse, la musique et la parole, s’en remettre à de nouvelles divinités, et peut-être hisser l’art de croire en l’humanité à son plus haut point. Il faudra affirmer la possibilité d’un autre monde avant d’imaginer sa disparition. Il faudra se convaincre que ce n’est pas la fin du monde mais la fin d’un monde. Et peut-être que d’ici huit minutes, le temps qu’il faut à la lumière pour parcourir la distance entre la terre et le soleil, nous pourrons enfin dire : « Nous y sommes ».